Carton rouge pour les tenues féminines dans le sport

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Gymnastique, tennis… Les tenues sportives féminines cristallisent depuis longtemps les tensions autour de la place de la femme dans le milieu sportif. Depuis quelques années, de nombreuses athlètes brisent le silence autour de leurs uniformes, qui servent plus le sexisme et l’hypersexualisation que le confort et la praticité. 

Une tenue dite de sport, c’est avant tout un moyen d’être à l’aise dans la pratique de ce dernier. Mais comment être à l’aise quand c’est “trop” ? Trop échancré, trop court, trop moulant.

La gymnastique, lutter contre l’hypersexualisation

Il est souvent comparé à “un maillot de bain une pièce”. Le léotard, justaucorps moulant laissant les bras et les jambes découvertes, est la tenue officielle réglementaire que les gymnastes doivent porter en compétition. Très dénudée, cette tenue est jugée hypersexualisante. Si bien que lors des Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, l’équipe féminine allemande l’a laissé aux vestiaires au profit d’une combinaison intégrale lors du dernier tour des qualifications. Un moyen de dénoncer les penchants désuets des réglementations vestimentaires. 

Mais les règles diffèrent entre la gymnastique artistique et la gymnastique rythmique. Le règlement 2022-2024 de Gymnastique Rythmique établi par la Fédération Internationale de Gymnastique autorise le collant ou la jupette en complément du justaucorps et même la combinaison académique intégrale en remplacement. Une évolution que la gymnastique féminine rejette encore. Le club de Gym Agrès de Vélizy est contre cet archaïsme et tend à favoriser le plaisir dans le sport : “c’est important que les filles soient à l’aise dans leur pratique et la tenue y fait pour beaucoup”, explique Arnaud de Vauborel, directeur technique du club. 

“La gymnastique est la première fédération de sport féminin en France, le sport a évolué mais pas les tenues” – Arnaud de Vauborel, directeur technique du club Gym Agrès Vélizy

Bien qu’hypersexualisantes, les tenues près du corps restent pourtant une nécessité. Arnaud de Vauborel éclaircit ce point en rappelant “l’utilité des vêtements près du corps pour la sécurité et éviter qu’ils ne remontent au niveau du visage lors de certains mouvements”. Il n’en demeure pas moins qu’elles sont “problématiques”, “cela n’empêche pas qu’elles couvrent plus, nous aimerions que cela évolue pour le bien-être des athlètes”, insiste le directeur technique.

Ce sont autant de facteurs qui engendrent un certain nombre de conséquences, Arnaud de Vauborel rappelle que “les filles peuvent aller jusqu’à se limiter dans la pratique, certaines préfèrent ne pas faire de compétitions”. D’autant que les athlètes sont sujettes aux pénalités si elles décident d’entraver la règle.

Le tennis, lever le tabou des menstruations

Pour les tenues blanches, même combat. Dans le tennis, le judo ou encore le football, c’est la règle. Une règle source d’anxiété quand viennent les règles. 

L’exemple le plus parlant reste le tournoi de tennis de Wimbledon. Faisant écho à l’aristocratie britannique, la tenue blanche a toujours été la norme depuis la création du tournoi en 1877. La règle est devenue officielle en 1963, imposant “une tenue presque entièrement blanche”, au mieux “blanc cassé ou crème”.  

Depuis, cette règle n’a pas manqué d’être dénoncée. Exposées au stress mental de voir leur tenue tachée, plusieurs athlètes ont déjà assuré qu’il leur était impossible de donner le meilleur d’elles-mêmes lors de la compétition. C’est notamment le cas de la joueuse britannique Alicia Barnett qui s’est exprimé à ce sujet lors du tournoi de Wimbledon 2022, “pendant les pré-qualifications, j’avais mes règles et j’étais un peu stressée à ce sujet”, explique-t-elle avant de compléter, “je pense qu’avoir ses règles sur le circuit est déjà assez difficile, mais porter du blanc n’aide pas”. Quelques semaines plus tôt, sa consoeur portoricaine avait réagi à un extrait de podcast dans lequel la joueuse Qinwen Zheng évoquait ce sujet :

 

Bonne nouvelle cependant, leurs paroles ont été entendues et considérées. Dans un communiqué paru le 17 novembre 2022, le tournoi de Wimbledon a annoncé une évolution de cette règle : “le comité de gestion a pris la décision de mettre à jour la règle sur les vêtements blancs de Wimbledon pour permettre aux concurrentes de porter des shorts colorés si elles le souhaitent”. 

À l’instar de la gymnastique et du tennis, nombreux sont les sports dont les tenues ont été ou sont encore dénoncées. À commencer par les sports de plage comme le beach volley ou le beach hand qui ont longtemps imposé le port d’un bikini à leurs sportives. Depuis 2012, ce temps est révolu pour le beach volley qui autorise désormais le short serré. Il aura fallu attendre 2021 pour que le beach hand fasse de même. Cette décision faisait suite à la polémique autour de l’équipe norvégienne de beach handball qui avait décidé de porter un short au lieu du réglementaire bikini “ajusté et échancré” dont les côtés devaient “mesurer au maximum 10 centimètres” lors du Championnat d’Europe à l’été 2021. Elles s’étaient ainsi exposées à une amende de 150 euros chacune, soit 1.500 euros.

En favorisant l’apparence plutôt que la performance, le monde du sport freine la parité. Une enquête menée par Adidas et parue en 2021 estime qu’ “une fille sur quatre abandonne le sport à l’adolescence, citant la peur des fuites de sang”.

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